Fruit for sale at Farmers' Market

POÈMES DE SHARON SCHOLL: Le problème avec Dieu, Le marché fermier et plus

Le problème avec Dieu

Des signes—c’est tout ce qu’on a,
des cailloux lancés dans la mer
du temps. On se recueille dans l’instant,
espérant le miroitement d’une Présence.

Rien de dramatique comme un buisson ardent
ou une mer qui s’ouvre—
simplement un plouf ou deux qu’on raterait
si on ne regardait pas déjà par là.

On espère un rebondissement,
le soulèvement inattendu d’un plouf.
La Nature agit par répétitions.
Dieu ne devrait-Il pas agir par exception?

Autrement comment différencier
un plouf d’un boum de quelconque code divin,
un ride sur l’eau du signal
que la béatitude s’est infiltrée dans notre réalité?

Les ondulations témoignent d’une chose passée
et perdue, révélant l’impact raté.
Les anneaux se multiplient, gonflés pour nous bercer
dans leurs maillons de réconfort.

Témoin de l’art de la disparition,
dans la comédie du présent/absent,
on est voué à rester seul
dans les flots azur et pâles du mystère.

Le marché fermier

J’y défile comme en église
intensément enraciné à la liturgie
des saisons et de leurs atouts,
toilettes impériales et couleurs altérées,
les bruits et parfums annonçant
la cérémonie sacrée de l’année.

Un espace de réjouissances des premiers
boutons rouges de fraises printanières
aux dernières têtes dorées
des courges d’hiver.

Le mot se passe et on
s’enfonce avec nos sacs et paniers
prêts à tapoter, pincer, sentir
et marchander pour une montagne parfumée
d’oignons Vidalia.

Le maïs blanc hâtif, ses grains
en rangs de perles scintillantes
formant un collier estival.
Des tomates accrochées à leurs vignes
comme les touristes aux tyroliennes.
Des melons aux bedaines pâles
délimitant dans la terre un coin de repos.

Le butin va et vient,
en ronde de festivals sacrés,
où des êtres vivants défilent,
chacun selon son propre rituel.

Fille

Enfant d’une banque de sperme
d’un ovule désigné
d’une insipide rencontre à la seringue

il y a des années, un geste
de désespoir financier
confidentialité assurée.

Elle se tient au pas de sa porte
aboutissement d’une longue recherche
s’agrippant à des mots préparés

ne sachant pas si le mot de bienvenue
se matérialisera ou se diluera
en un hochement de tête flou.

Les yeux, les cheveux et la peau en commun,
ressemblance indéniable.
Un miroir génétique étrange

le regarde fixement. Sa bouche
balbutie prudemment les mots,
Venez, entrez.

La parole des brumes

Toujours étouffés,
comme des message chuchotés
qui glissent entre les piles
d’une bibliothèque abandonnée.

La brume du temps
devenue moisissure, un papier
décomposé dans la moiteur.

La brume des tuiles tachetées d’or
presqu’illisible,
ayant même perdu les arrondis
des lettres d’antan.

La brume d’une mémoire perdue
au fil des années, écrasée
telle des fleurs drainées de couleur
devenues l’ombre sombre de
ce qui était.

«LECTURE CONNEXE» POEMS BY GEORGE PAYNE: The Watchful, A Matter of Custody and more»


image : image: Pixabay

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